Fribourg, le lundi 5 août 2019.
Avant de reprendre la route pour l’Alsace, la capitale du Bade-Wurtemberg, Fribourg, nous a invités à parcourir ses rues et ses édifices remarquables. Nous avons donc délaissé notre tandem pour la journée et visité la belle ville de Fribourg à pied.
Flâner dans la cité du Bade-Wurtemberg
Pour avoir une vue d’ensemble de la cité, nous avons pris de la hauteur en commençant par le Schlossberg et sa tour. Cette colline arborée de 456 mètres, qui domine la ville, fait partie de la Forêt Noire. Pour y parvenir, nous avons marché environ 3,5 km et traversé le quartier est. Le lycée Turenne, ancien lycée français, des maisons au charme quelque peu désuet et le pont de Schwabentor étaient sur notre chemin.





Le Schlossberg domine
La vallée de la Dreisam offrait, dès les époques les plus reculés, un axe de pénétration important vers la haute Forêt-Noire. Pour dominer la région, le Schlossberg présentait alors une situation stratégique incomparable.

Le Schlossberg fut occupé au XIème siècle par les ducs de Zähringen. Ils établirent leur principal château-fort dont il ne reste que quelques ruines.



Les ducs de Zähringen fondèrent au pied du Schlossberg et de leur château-fort la ville de Fribourg.


A la suite de la guerre de trente ans, la ville qui appartenait alors aux Habsbourg et le Schlossberg furent pris en 1677 par les troupes françaises. L’architecte militaire Vauban va les transformer en forteresse moderne. En 1697, Fribourg réintégrera l’Empire mais sera à nouveau reconquise par les Français en 1713 et en 1744. Ces derniers, rasèrent de manière méthodique les fortifications avant leur départ. Heureusement, de nos jours le site est devenu un lieu de promenade paisible, loin des combats, des larmes et du sang.








L’Université, hommage à Husserl

L’université de Fribourg-en-Brisgau, Albert-Ludwigs-Universität fut fondée au XVème siècle. Homère et Aristote veillent à l’entrée. Les étudiants y affluent par centaines en bicyclettes. La bibliothèque universitaire d’architecture contemporaine jouxte les bâtiments anciens en gré rose.




La vérité vous rendra libres

Nous avons poussé la porte de ce haut lieu du savoir et de la recherche pour un salut particulièrement ému au philosophe Edmund Husserl, qui fut professeur de 1916 à 1928. Il succéda à Heinrich Rickert à la chaire de philosophie de cette université et fut remplacé par son assistant, un certain Martin Heidegger. Ce dernier, devenu membre de NSDAP, en deviendra le recteur en 1933. Année où le professeur Husserl se voit interdire l’accès à la bibliothèque de l’université en application de la législation antisémite.


Après la mort de Husserl en 1938, ses textes philosophiques ont été sauvés des nazis par le père franciscain belge Herman Leo Van Breda. Les archives de Fribourg possèdent des copies sur microfiches de tous les manuscrits de Husserl et permettent d’examiner et d’éditer l’énorme corpus philosophique de son œuvre de Husserl.
Après l’université, nous nous sommes mis en quête de visiter la cathédrale. Chemin faisant, nous nous sommes baignés dans le flot des rues piétonnes. Cette cité, la plus ensoleillée d’Allemagne apparaît chaleureuse. Elle attire de nombreux touristes allemands et d’autres nationalités.
Quelques aspects de la ville










Des rigoles rigolotes




Münster, la Cathédrale Notre-Dame de Fribourg

La cathédrale Notre-Dame, qui a été construite en 1120 sous le règne du duc Conrad de Zähringen, celui-là même qui a fondé le château du Schlossberg, est actuellement en cours de rénovation.

Cet édifice à tour unique constitue la seule église gothique allemande dont la tour d’une hauteur 116m, a été achevée au Moyen Âge. Elle a miraculeusement été préservée jusqu’alors, survivant notamment aux bombardements du 27 novembre 1944, qui détruisirent beaucoup des maisons environnantes.
Nous connaissions, jusqu’alors, une seule cathédrale ayant une seule tour. Celle de Strasbourg, visitée quelques jour plus tôt. Qu’est-ce qui explique ce fait, alors que les cathédrales gothiques semblent toutes comporter deux tours ? En fait, avant 1827, cet édifice religieux n’était qu’une simple église paroissiale et seules les églises étant siège épiscopal avait deux tours en Allemagne. Le rapprochement entre la cathédrale de Strasbourg et celle de Fribourg n’est pas dénué de fondement. En effet, l’auteur du plan de la tour, Erwin von Steinbach, architecte religieux de son état, fut également le concepteur de la façade de la cathédrale de Strasbourg. Nous ne pouvions pas ne pas remarquer les similitudes.






Dans les rues de Fribourg
Si Strasbourg est la capitale française du vélo, sans préjuger des autres villes allemandes, Fribourg n’a rien à envier à sa voisine outre-Rhin sur ce plan. En Guadeloupe, le vélo apparaît dérisoire comme moyen de locomotion, tout tourne, beaucoup trop d’ailleurs, autour de l’automobile. Il faut dire que la Basse-Terre par exemple n’est guère propice aux deux roues non motorisées. La passion du vélo existe bel et bien sur l’île aux belle eaux, d’ailleurs l’engouement pour les courses cyclistes et notamment pour le tour de Guadeloupe en témoignent. Ici à Fribourg, comme à Strasbourg, les pistes cyclables, nombreuses modèlent la ville et les comportements des automobilistes. Les cyclistes fourmillent de toute part. Piétons ce jour, nous flânons à travers la ville, mais devons rester vigilants. Les vélos sont peu bruyants.
Non loin de l’Université, un monument nous interpellent, une fontaine occupant une large place. L’eau s’écoule lentement à la surface. Ce monument est en fait commémoratif. Il a la forme de la base de la synagogue de la communauté israélite de Fribourg, synagogue incendiée par les SS dans la nuit du 8 au 9 novembre 1938. En faisant référence à la déportation et à la persécution des Juifs, il participe en même temps au travail des mémoires. On est en droit de se demander comment il a été possible à Martin Heidegger, pourtant philosophe, ayant été forcément témoin de ce genre d’actes sans nom, de cotiser au parti nazi jusqu’en 1945. Cela ne peut donc être une erreur. On dira, c’est du passé. Certes, mais il n’est pas aussi lointain que cela.








Nous n’avons pas pu tout visiter tant la capitale du Bade-Wurtemberg apparaît riche de lieux et de sites remarquables. Une seule journée n’aura pas suffit. Cependant, nous la quitterons le lendemain matin pour traverser le Rhin et retrouver la France.
De retour au camping, nous nous faisons un petit plaisir, simple et local. “Bier und Bretzel” !

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